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Les pieds à Bethléem, le cœur à Gaza: sombre Noël en Terre sainte

16:02 - 24/12/2023 dimanche
MAJ: 16:10 - 24/12/2023 dimanche
AFP
Crédit Vidéo : Olivier FENIET / AFPTV
Une crèche de décombres est installée près de l'église de la Nativité à Bethléem pour faire écho à la dévastation dans la bande de Gaza déchirée par la guerre. "Beaucoup de gens meurent pour cette terre. Il est vraiment difficile de célébrer quelque chose alors que notre peuple est en train de mourir", déclare Nicole Najjar, une étudiante de 18 ans qui passe devant l'installation sur la place de la Mangeoire.

Pas de sapin gigantesque, pas de crèche flamboyante, peu de joie. Un voile de tristesse enveloppe dimanche Bethléem, qui se pare habituellement de ses habits de fête à l'occasion de Noël, terni cette année par la guerre dans la bande de Gaza.

Peu de fidèles et de touristes sont attendus au cours de la journée et à la messe de minuit dans la ville palestinienne en Cisjordanie occupée, qui selon la tradition chrétienne a vu naître Jésus-Christ. Les touristes ont fui la région depuis le début de la guerre entre Israël et la Palestine le 7 octobre.


Les chrétiens palestiniens n'ont, eux, pas le coeur aux célébrations, largement annulées par la municipalité, ne pouvant faire fi du sort de leurs concitoyens, assiégés et bombardés à Gaza.

"Ils sont nombreux à mourir pour cette terre, c'est très difficile de célébrer quelque chose alors que notre peuple se meurt",
estime Nicole Najjar, étudiante de 18 ans, sur la place de la Mangeoire désertée.

Face à la basilique de la Nativité, une œuvre d'art évoquant le drame de Gaza a été installée à terre, en lieu et place de la crèche grandeur nature et du colossal sapin: Marie et Joseph, statues grises, au milieu d'un fatras de débris et de tôle, derrière des barbelés.


Sur l'immeuble d'à côté, une grande banderole:
"Arrêtez le génocide, arrêtez le déplacement, levez le blocus",
"les cloches de Bethléem sonnent pour un cessez-le-feu à Gaza".

La guerre entre la Palestine et Israël est entrée dimanche dans sa 79e journée. Déclenchée le 7 octobre par l'attaque de commandos du mouvement palestinien en Israël, faisant environ 1.140 morts d'après les autorités israéliennes,
elle a fait plus de 20.424 morts à Gaza et déplacé 85% de la population selon le gouvernement du Hamas.


Dans le territoire palestinien, gouverné par le Hamas, des chrétiens, dont le nombre est estimé à un petit millier,
ont pris refuge dans des églises qui n'ont pas été épargnées par les combats.

La semaine dernière, une mère et sa fille ont été tuées par des tirs israéliens dans l'enceinte de l'église de la Sainte-Famille dans la ville de Gaza, selon le patriarcat. Le pape François a dénoncé des bombardements et des tirs ciblant "des civils sans défense".


Personne ne viendra


"Cette année est différente des autres, elle est faite de tristesse, de chagrin, de destruction, de privation et de perte"
, se désole Mervat Murra, 50 ans, créatrice de mode à Bethléem.

La parade de scouts, qui réveille habituellement la ville à coup de cornemuses et tambourins, doit laisser place à un défilé silencieux. Dans la matinée, un immense drapeau palestinien a été déplié sur la place de la Mangeoire, tenu par chaque bout par des adultes et des enfants, chrétiens et musulmans.


Autour de la place, la famille Giacaman a ouvert son magasin de crèches et autres objets d'art liturgique pour la première fois depuis le 8 octobre, sans illusion.


Amir Giacaman, 29 ans dit:


Personne ne viendra, on a ouvert parce qu'il le faut, c'est Noël.

"Pendant le Covid, on a eu deux mauvaises années mais ce n'est rien comparé à ça".

"Nous n'avons pas le goût aux célébrations alors que Gaza connaît un génocide et même ici en Cisjordanie, nous pleurons de jeunes gens tués par les Israéliens et d'autres détenus chaque jour",
dit à l'AFP Mitri Raheb, pasteur d'une église luthérienne de Bethléem.

Les hostilités à Gaza ont fait tâche d'huile en Cisjordanie (Palestine occupée), territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, où plus de 300 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre par les forces israéliennes.


"Tout ce que nous voulons pour Noël c'est un cessez-le-feu, durable, pour mettre fin à cette atrocité", dit Mitri Raheb qui conclut:


Bethléem a donné à Jésus au monde. Il est grand temps que le monde donne la paix à Bethléem et à Gaza.

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